En voyage quelques jours dans la région de Naples, j'ai noté des petits détails astronomiques (certains diront que je suis un peu obsédé par le sujet
) :
A commencer par un globe céleste ancien (datant du début du XIIIème siècle) exposé au musée d'art de Capodimonte à Naples même :
Détail des figures de constellations :
Dans un premier temps, il est difficile de les reconnaître pour une raison très simple : elles sont "à l'envers" car les globes célestes sont traditionnellement représentés comme si le point de vue était extérieur à la voûte céleste (vision "divine" ?) et non intérieur, depuis la Terre. Pour illustrer ce qui est reconnaissable j'ai donc retourné l'image "en miroir" (droite/gauche) :
A noter que les étoiles incrustée sont différentes selon leur magnitude (ex.! Mirach plus grosse), plus nombreuses que les étoiles les plus brillantes dessinant les figures et que Algol est représentée de manière particulière, sans doute en raison de sa réputation "maléfique" (car variable).
Autre partie :
Et ses représentations en mode "miroir" :
(Arcturus très grosse car l'une des étoiles les plus brillante du ciel)
Une petite décoration à l'entrée d'une villa de Capri :
Etant les premiers jours dans des zones très éclairées, j'ai bien cru que j'avais emporté mon trépied pour rien mais lors de notre 3ème nuit sur la côte almafitaine, j'ai eu à la fois un environnement lumineux favorable, un ciel peu nuageux et un point de vue intéressant pour tenter des "nightscapes" (paysages nocturnes) malgré la grosse lune. J'ai fait différents cadrages et différents temps de pose mais avant d'exploiter plus à fond les images, je vous propose celle-ci, avec un joli reflet lunaire sur la mer derrière les lumières de Ravello :
(pose unique de 2s à F/3.5 et 800 ISO)
Idem dans un cadrage plus large avec les lumières de Scala à droite :
On aperçoit facilement dans le ciel la très brillante Jupiter au-dessus de Scala et Saturne près de la Lune. Version légendée :
Scala est le plus village de la côte almafitaine et il surplombe Amalfi (qui a donné son nom à la région) qui est juste dessous la falaise (on perçoit sa pollution lumineuse).
J'ai combiné l'image avec une pose 2x plus longue dont j'ai "révélé" numériquement les étoiles les plus brillantes (et aussi quelques éclairages supplémentaires des villages) :
Et sur la même base une version plus "artistique" avec les représentations de constellations empruntées à Hevelius :
Nota : Naples étant environ 4° plus au sud que Bordeaux, le Sagittaire est nettement plus haut dans le ciel ce qui permet de le voir en entier (un peu à la façon des grecs), ce qui est impossible sous nos latitudes.
De retour à Naples, visite du musée archéologique où j'ai découvert l'existence d'une "salle de la méridienne" (improprement traduite en français par "salle du cadran solaire") :
Nota : perspective déformée "en tonneau" par l'emploi d'un objectif "fisheye" à courte focale pour disposer d'un grand champ et d'une grande profondeur de champ.
Pour comprendre le fonctionnement de la méridienne (qui est un calendrier et non une horloge comme un cadran solaire) il faut savoir que la lumière du Soleil pénètre dans la salle "sombre" par un petit trou (dans l'angle, en hauteur près de la fenêtre) ce qui projette une petite tache lumineuse au sol, pile sur la ligne noire à midi (d'où le nom "méridienne", moment où le soleil passe au méridien). Et grâce à des graduations, cela donne la date très précisément comme l'explique le panneau :
Quand le Soleil est au plus haut dans le ciel (solstice d'été), la tache est tout au fond de la salle près de l'angle des murs (à droite sur le schéma), au solstice d'hiver (soleil el plus bas) la projection la plus oblique l'amène au plus loin (à gauche sur le schéma) alors qu'aux deux équinoxes, elle est à une position intermédiaire. Le long de la ligne, on a donc des positions "symétriques" du calendrier, la tache parcourant un aller-retour en un an. Nota : il y a une très belle méridienne à l'église St-Sulpice à Paris, évoquée dans le fameux "Da Vinci code".
J'ai schématisé ce fonctionnement sur la 1ère photo :
Nota : le solstice d'hiver est hors du champ, derrière moi.
Parcours de la ligne méridienne d'un bout à l'autre, du solstice d'hiver à celui d'été pour admirer les représentations des constellations successives et des indications gravées :
- solstice d'hiver (au début du Capricorne)
- constellations symétriques Verseau (Printemps quand la tache va vers le mur du fond) et Sagittaire (automne quand elle s'en éloigne)
- idem Poissons (print.)/Scorpion (aut.)
- la ligne des équinoxes, respectivement de printemps (Bélier) et d'automne (Balance)
- constellations intermédiaires des Gémeaux (print.) et Lion (été), et marque finale du solstice d'été dans le Cancer
Nota : j'ai visiblement sauté la Vierge (print.) et le Capricorne (été) lors de ma prise de vue...
- dans la soirée, passage par le site du Castel Nuovo (en travaux d'où les grues) où j'ai assisté au lever de la pleine lune sur le port :
(photo légèrement retouchée pour éclaircir les bâtiments du port mais pas la lune)
- idem quelques minutes plus tôt avec la ceinture de Vénus bien visible :
- la même à 100% de la résolution pour voir que l'autofocus (sur la lune) n'est pas trop mauvais vu les formations visibles, et il faut compter avec la faible focale (135mm) et la turbulence atmosphérique à faible hauteur sur l'horizon :
- plus tard au-dessus d'une sculpture de la fontaine monumentale devant la mairie :
(composition de deux images car sur celle de la fontaine, la lune était "cramée"
- idem à 100% (où la mise au point sur la lune rend le dos du lion complètement flou) :
Sur les deux images "zoomées" sur la Lune, on remarque facilement la silhouette du lapin visible sur la pleine lune, dessiné par les mers et il se trouve que c'est le thème des deux dernières émission "Sur les épaules de Darwin" de JC Ameisen que j'ai réécoutées sur le site de France Inter hier :
Lien vers l'émission :
Sur les épaules de Darwin. Je connaissais la version méso-américaine de la légende (mythe des 5 soleils, "joué" dans mon planétarium à l'occasion de
mon intervention de 2012 au Musée du Quai Branly) mais Ameisen évoque des croyances similaires (lapin habitant la lune) d'Asie (Inde, Chine, Japon…) pour constater cette troublante coïncidence… qui n'en est peut-être pas une ! Explication : selon les théories actuelles de la population humaine des Amériques, il y a probablement dans les 15.000 ans, c'est avec le concours d'une glaciation du nord pacifique que des asiatiques auraient pu se rendre par bateau ou à pied sur le "nouveau continent". Donc les deux régions pourraient avoir une origine culturelle identique.
A noter que cette pleine lune de septembre est surnommée "lune des moissons" par les américains et a fait l'objet d'une publication de l'APOD vendredi avec une image d'un français :
APOD du 13/09