Après les tests sur
les temps de pose utilisables avec la petite monture SkyTracker avec mon EOS 6D (très performant en basse lumière), j'ai poursuivi la nuit dernière, malgré la Lune trop grosse, avec un autre boîtier totalement différent : un "vieil" EOS M, modèle compact et non réflex mais doté d'un capteur et d'une électronique comparable à celle du 650D beaucoup plus cher (surtout quand le M a été soldé par tous les distributeurs pour l'arrivée de la nouvelle version M3).
Explication : ce petit appareil me sert à la marge en voyage quand je ne veux pas m'encombrer avec un gros réflex (restaurant, plage...) et surtout comme solution de secours si le 6D tombait en panne car il est compatible avec tous mes objectifs (avec une bague d'adaptation) car je n'oublie pas le traumatisme de la panne complète de mon 5D à Madère, 2j avant le fin du voyage !!!
Il n'est pas du tout destiné à l'astrophoto au départ mais en voyage, quand on sait qu'on ne disposera que de peu de nuits d'observation possibles (météo, fatigue du voyage...), je préfère avoir 2 config pour prendre simultanément 2 séries de photos et donc doubler mon "rendement" même si l'un des appareils est moins bon.
Problème : ce petit compact n'est pas doté des mêmes dispositifs que les réflex, notamment au niveau de la télécommande (par infra-rouge) totalement incompatible avec mes systèmes de prise de vue en automatique (intervallomètre). Heureusement, il existe une solution "pirate" avec un micrologiciel chargeable pour compléter en interne les fonctions, dont la prise de vue automatique et les poses longues ("bulb") :
Magic Lantern (conçu au départ surtout pour compléter les fonctions de prise de vidéos avec les réflex Canon EOS). C'est donc avec lui que je teste mon EOS M en config astro "bis".
Après quelques tests de jour, non sans déboires (blocage du déclencheur quand j'active les 2 fonctions qui m'intéressent !!!), j'étais prêt hier soir à tester de nuit une prise de vue automatique. Quoi de plus simple qu'un filé d'étoiles circumpolaire sur trépied ? (le genre de vue que je pourrais tenter en Afrique du Sud mais braqué côté "pôle sud"). Voilà le résultat :
Technique : EOS M avec Magic Lantern, zoom 18-55 à 28mm F/D 4, sur trépied fixe, 218 poses de 30s à 800 ISO, simple addition des JPEG.
Quelques commentaires sur l'image :
- cadrage : pôle dans le champ, paysage au 1er plan (en Afrique du SUd ça pourrait être plus exotique) où on aperçoit les lumières de ma maison éclairée par la lune au travers des arbres, la partie rouge étant due à ma lampe frontale quand je suis reparti après la mise en route du dispositif
- contraste : les étoiles faibles sont peu perceptibles à cause de la clarté lunaire mais ce serait mieux dans un ciel noir
- filés : un peu grossier (ma MàP n'est pas très bonne, faite en AF sur la Lune) et allant en s'effilant car de la buée s'est lentement déposée sur l'objectif (cercles ovalisés par l'optique grand-angle)
- avions : un vrai meeting aérien ! (j'en compte au moins 8 traces pointillées et/ou rouges)
- bolide : le trait brillant en haut à gauche est probablement un météor car il n'y avait aucun flash Iridium prévu mais je n'ai pas eu le temps d'enquêter plus faute de temps (examen 1 à 1 des images pour trouver la bonne puis, avec son horaire, vérification des passages de satellites brillants)
- JPEG : c'est pour aller vite mais j'ai fait aussi les images "RAW" (brutes), en double enregistrement, dont l'exploitation pourrait donner un meilleur résultat (bruit de fond réduit, suppression des pixels "chauds"...).
- 800 ISO : optimum pour le rapport signal/bruit sur ce type de capteur (alors que je peux pousser le 6D jusqu'à 6400 ISO).
- time-lapse : la même série d'images pourrait être exploitée pour faire une (ou plusieurs) vidéo(s) animées en temps accéléré.
Ce test m'a permis d'obtenir quelques résultats concrets et pratiques :
- la petite batterie permet un peu moins de 2h de prise de vues automatique (218 poses x 30s = 109 mn), faible pour un beau filé (et le changement de batterie risque de créer un trou dans les traces d'étoiles voire un léger décalage du champ)
- avec le double enregistrement JPEG/RAW, ça fait dans les 5 Go sur ce type d'images, donc pas beaucoup de marge sur la carte de 8Go utilisée en test
- la mise au point en autofocus, même sur un objet brillant comme la Lune n'est pas très bonne (je prévois d'autres tests en faisant une MàP de jour sur un objet très distant et en bloquant avec un scotch le réglage de MàP de l'objectif)
Puisque je partage le résultat de ces tests, en voici un encore plus "foireux" mais riche d'enseignements :
Technique : EOS M avec Magic Lantern, objectif 22mm F/D 2, sur monture SkyTracker, pose unique de 1mn à 800 ISO.
On voit que le pb de MàP reste important !
Ce test avait plusieurs objectifs :
- vérifier le champ réel de cet objectif sur le ciel : ici le triangle d'été est largement couvert, ce qui serait équivalent dans le sud à un champ englobant les deux nuages de Magellan et un bout de Voie Lactée avec la Croix du sud et le Sac de charbon. Nota : même si son champ est plus petit que celui du 18mm, la très grande luminosité de cet objectif (F/D 2) permet en partie de compenser l'ancienneté du capteur (800 ISO équivalent à 2400 ISO à F/D 3.5).
- définir la technique de MàP : alors que les indicateurs me disait que c'était Ok (autofocus sur Vega), ce n'est visiblement pas le cas et il faudrait revoir ça avec un réglage de jour (sur un objet "lointain", c'est à dire à plus de 40m !) et blocage pour la nuit.
- tester le temps de pose utilisable avec cette config très légère et compacte sur le SkyTracker : sur ma série de 30s à 4mn, il semblerait que 2mn soit utilisable (à confirmer car la mauvaise MàP peut masquer le filé d'étoiles), ce qui est aussi un avantage en terme de luminosité.
Nota : vu ses performances en basse lumière, il est clair que le 6D est mon boîtier privilégié pour l'astrophoto mais si je l'utilise sur trépied fixe pour faire un filé d'étoiles (et time-lapse) avec un beau 1er plan (ex.: des fossiles du PN Karoo), il faut que je sache comment exploiter en parallèle l'EOS M avec le SkyTracker pour une longue pose avec suivi sur la Voie Lactée ou d'autres beautés du ciel du Sud (nuages de Magellan).
La suite au prochain numéro... à la prochaine nuit claire (malgré la lune).